AZERBAÏDJAN-ISRAËL
Israël se serait offert une base aérienne à la frontière avec l’Iran, et “cette base a pour nom Azerbaïdjan“. Au début des années 90, au plus fort de la guerre contre l’Azerbaïdjan, des munitions israéliennes tuaient des Arméniens ; à l’époque, Israël se justifiait en disant “le marché mondial des armes est libre“. Vingt ans plus tard, quel a été le prix payé par Israël pour “cette base aérienne“ et jusqu’où les apprentis-sorciers de tous bords se laisseront-ils emmener ? Israël fournira pour 1,6 milliards de dollars d’armes sophistiquées à l’Azerbaïdjan. Même si les destinations d’observation et défensive de ces armements seront avancées par les Israéliens, ils n’en constituent pas moins une contribution aux projets belliqueux azéris envers l’Arménie.
GB
Les milieux dirigeants des USA pensent que les Israéliens ont obtenu un accès aux bases aériennes de l’Azerbaïdjan. Cela leur fait-il franchir un nouveau pas vers la guerre contre l’Iran ?
Par Mark Perry Foreign Policy
28 mars 2012
En 2009, le suppléant du chef de la mission diplomatique de l’ambassade US à Bakou, Donald Lu, avait envoyé un télégramme au siège du Département d’Etat de Foggy Bottom titré “Symbiose discrète de l’Azerbaïdjan avec Israël“. Le mémorandum, rendu public plus tard par Wikileaks, cite le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, disant des relations de son pays avec l’état juif qu’elles sont comparables à un iceberg dont “les neuf dixièmes sont en dessous de la surface“.
Pourquoi devrait-on s’en inquiéter ? La situation de l’Azerbaïdjan au nord de l’Iran est stratégique, et si l’on en croit plusieurs sources haut-placées du gouvernement des USA avec qui je me suis entretenu, on pense à présent au sein de l’administration Obama que la partie “submergée“ de l’alliance israélo-azerbaïdjanaise - la coopération sur la sécurité entre les deux pays - accroît les risques d’une frappe israélienne sur l’Iran.
Quatre diplomates et agents de renseignement militaire de haut niveau, en particulier, disent que les USA infèrent qu’Israël a récemment obtenu l’accès aux bases aériennes du nord de l’Iran. Dans quel but, exactement ? On l’ignore. “Les Israéliens ont acheté un terrain d’aviation“, m’a dit un responsable haut placé de l’administration au début du mois de février, “et ce terrain d’aviation a pour nom Azerbaïdjan“.
Les agents du renseignement des USA craignent de plus en plus que l’extension des liens militaires d’Israël jusqu’en Azerbaïdjan ne compromettent les efforts déployés par les Etats-Unis pour diminuer les tensions israélo-iraniennes. Les experts militaires, m’a-t-on dit, ne doivent à présent plus seulement envisager un scénario de guerre ayant pour cadre le Golfe Persique - mais aussi y intégrer le Caucase. Les relations florissantes entre Israël et l’Azerbaïdjan, peuvent également provoquer des étincelles au niveau des relations respectives de ces deux pays avec la Turquie, un poids lourd dans la région, qui craint les retombées économiques et politiques d’une guerre avec l’Iran. Les dirigeants de Turquie les plus haut placés ont exprimé leurs préoccupations à leurs homologues des USA ainsi qu’aux Azéris, selon les mêmes sources.
L’ambassade d’Israël à Washington, les forces de défense d’Israël et l’agence du renseignement israélien, le Mossad, toutes contactées pour commenter cette affaire, n’ont fait aucune réponse.
L’ambassade azérie aux USA n’a pas répondu non plus aux demandes d’information sur les accords de sécurité avec Israël. Au cours d’une récente visite à Téhéran, le ministre de la défense azerbaïdjanais a exclu l’utilisation de l’Azerbaïdjan pour une frappe en Iran. “La République d’Azerbaïdjan, comme toujours par le passé, ne permettra jamais à aucun pays de prendre avantage de son territoire, contre la République Islamique d’Iran, que nous considérons comme pays frère et ami“, a-t-il dit (suite à la publication de cet article, un porte parole azéri à démenti que son gouvernement ait accordé à Israël l’accès aux bases aériennes azéries).
Mais même si son gouvernement tient cette promesse, il pourrait tout de même être utile à Israël, lui procurant un soutien fondamental. Un officier du renseignement a relevé que le ministre azéri de la défense n’a pas exclu explicitement que les bombardiers israéliens ne se posent dans son pays après une frappe. Pas plus qu’il n’a exclu que des unités de recherche et de sauvetage agissent dans le pays. Accorder de telles autorisations d’atterrir - et établir des bases de recherche et de sauvetage plus près d’Iran - faciliterait une attaque d’Israël contre l’Iran.
“Nous suivons de près ce que fait l’Iran“, a confirmé un officier du renseignement engagé dans l’évaluation des ramifications d’une attaque supposée d’Israël. “Mais nous observons à présent ce que fait Israël en Azerbaïdjan. Et cela ne nous réjouis pas.“ L’approfondissement des relations d’Israël avec le gouvernement de Bakou a été scellé en février par un accord d’armement s’élevant à 1,6 milliards portant sur la fourniture à l’Azerbaïdjan de drones sophistiqués et des systèmes de défense anti-missiles. Dans le même temps, les liens de Bakou avec Téhéran se sont quelque peu dégradés : l’Iran a présenté une note à l’ambassadeur azerbaïdjanais protestant du soutien que Bakou aurait apporté à des équipes de tueurs formés en Israël ciblant des scientifiques iraniens, une accusation dont les autorités azerbaïdjanaises ont dit que c’était une calomnie“. En février, un membre de Yeni Azerbadzhan - le parti au pouvoir - proposait d’appeler son pays “Azerbaïdjan du Nord“, suggérant implicitement que les 16 millions d’Azéris qui vivent au nord de l’Iran aspirent à leur libération.
Et ce mois-ci, Bakou a annoncé que 22 personnes ont été arrêtées pour espionnage en faveur de l’Iran, accusées d’agir pour le compte des Gardiens de la Révolution pour “commettre des actes terroristes contre les ambassades des Etats-Unis, d’Israël et celles d’autres états occidentaux. Ces accusations ont provoqué de multiples dénégations et la colère du gouvernement iranien.
jeudi 5 avril 2012,
Jean Eckian ©armenews.com
Jean Eckian ©armenews.com
Traduction Gilbert Béguian pour Armenews
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